Déjà quatre mois que nous sommes ressuscités de notre mirage. Cette soit disant réalité que tous ici valorisent, comme s’il n’existait que cela. La routine morose en avant plan, les activités réglées comme un métronome et les vacances comme bouée de sauvetage. Sur notre planète nord-américaine, la folie ce n’est que des histoires de chapelier. Et si cette vraie vie c’était autre chose. Si c’était justement de se lever avec l’envie folle de découvrir, de partager, de réaliser ses rêves. Si c’était de se coucher le soir et de se dire : «Men, aujourd’hui, c’était une journée de malade!» Cette vie, nous l’avons senti! Une fois que tu as vibré dans la Matrice et pris cette fameuse pilule bleue, tu ne peux plus y revenir. Rien ne semble avoir du sens…
Je ne me suis jamais sentie aussi perdue que depuis les derniers mois. À la recherche de sens, de repères, de moi-même. J’ai emprunté plusieurs sentiers pour revenir au même point. Ma boussole qui tournoyait s’agitant d’est en ouest, du sud au nord sans relâche. Un monde que je connais bien pourtant, mais qui me semblait soudainement étranger. Toute cette confiance que j’ai acquise me glissait entre les mains comme si j’essayais de gravir une pente de skis avec des pelures de banane. Je continuais à tenir à mes convictions mais mon leadership était plutôt mou. Chaque pas devenant de plus en plus ardu. Miss globe-trotter avec des ambitions à la puissance 10, mais cherchant son air à chaque inspiration. J’arrivais à fonctionner, mais de manière forcée et sur le respirateur artificiel. En fait, c’est comme si je croyais en mon étoile si fort, mais que je tentais de la faire rentrer dans un carré. Tsé, le jeu de formes des bébés, ben une étoile ça ne rentre pas dans un carré! Ça m’a pris bien du temps avant de comprendre. Je refusais de me moduler complètement, mais de la crème fouettée pis des cornichons, ça ne va pas ensemble 😉 Mais, moi, j’y tiens à mon petit nuage sucré.
Pour les fouineux ;), ben oui j’ai appliqué pour des emplois. Passionnée d’alimentation santé, de bio et d’environnement, j’ai fait des belles rencontres auprès de petites entreprises en accord avec mes valeurs. J’ai toujours voulu travailler dans un petit café de quartier. Ça m’aurait fait du bien de me sentir utile et de sortir de ma casa. MAIS, ça n’a pas fonctionné…un signe, des nouvelles opportunités, je ne sais pas. Ma boule de cristal est plutôt embrouillée disons. J’aurais pu travailler dans mon domaine d’excellence, mais j’avais envie d’autre chose. Le marché n’est pas synonyme d’équilibre ou de parcours différent. Mon bagage ne s’accroche pas sur les murs comme un diplôme même si je sais toute la richesse que j’ai acquise. Je ne voulais pas d’une job à tout prix, mais d’un environnement captivant. L’autre jour, je réalisais toute la chance que j’avais que de peinturer une citrouille avec mes petits en pédago, ça ne repasse pas ces moments-là et c’est précieux. Rien à voir avec la caféine. Si j’ai besoin d’air ou de redonner à la communauté, l’option du bénévolat est possible. En attendant, je passe de doux instants à écrire dans mon ptit café préféré qui me rappelle ceux du Mexique, du Guatemala ou du Costa-Rica.
Que se passe t-il avec moi? Comme si j’avais du mal à m’adapter, un sens si aiguisé que j’avais développé aux quatre coins de l’Amérique Centrale. Bizarre, non? Comme si sur une échelle de 0 à 10, j’excelle au niveau 6 peu importe l’endroit où je me trouve. Ici, je suis sur une ligne descendante. Ailleurs, je suis hot! 😉 Où est passé cette vraie Josée étincelante du voyage? Confiante, assurée, joyeuse et rêveuse? Je sais, je sais c’est mon monde à moi, ici. L’appel de l’ailleurs me tiraille, m’attire et me charme. Comme dans le film de Moana, ses eaux turquoises m’ensorcèlent. Pourtant, je devrais être bien dans mon village. Mon rôle n’est-il pas ici? Ou peut-être que ma raison d’être est ailleurs? Mon coeur en a rien à cirer de cette dose de confort ou de matériel! Il veut s’émouvoir, s’émerveiller, battre encore plus fort. Dose d’adrénaline ou maladie incurable du bonheur, je ne sais pas. Ce que je sais c’est que la vraie vie c’est cette année extraordinaire que nous avons vécu. Je sais que c’est difficile à comprendre…Mon village : Le monde.
Alors, fini le jeu du labyrinthe pour moi! Je me concentre sur mon projet d’écriture : Un livre basé sur notre aventure pour inspirer les gens à réaliser leurs rêves tels qu’ils soient. Je veux aussi continuer de prendre soin de mon petit coeur pour calmer ma tempête intérieure et rebondir pour devenir la meilleure version de moi-même : lire, écrire, méditer, courir, spinner, marcher, me ressourcer dans la nature et bien m’alimenter. Encore plus chouette, nous partirons en Asie à l’hiver 2019. Deux mois en Thaïlande et à Bali. Nous ne savons pas encore comment financièrement ce sera possible, mais nous ferons tout pour y arriver. L’entreprise est loin de briller d’or et d’argent, des choix que nous assumons. Au pire, on vend tout et on recommence! Ce n’est que du matériel…une idée folle pour vivre maintenant. Nous pensons aussi à vivre un an en Espagne possiblement. Je l’aime mon pays, j’ai un lien d’attachement fort pour ma patrie, ma soeur, ma famille, mes amis. Un jour, j’aurai le goût de me poser et d’ouvrir mon petit café de quartier. En attendant, il y a quelque chose de plus fort en moi qui m’appelle, des expériences que je dois vivre, je suppose. Je ne suis pas prête à ficeler ce cadeau, je veux aller encore plus loin. Mon village : Le monde 🙂
Real dit
Que de bouleversement …c est sûr après une année d aventure la routine peut sembler monotone Tu a quand même de beau souvenir mais il faut toujours vivre d espoir…d autre aventure vous attend Merveilleux il faut tout faire pour vivre ses rêves
Josee St-Pierre dit
Bien d’accord Réal, les rêves nous gardent en vie!
Ces bouleversements me font grandir et les prochains projets mettront un baume sur
l’adaptation du retour. Merci!
Bibiane Baillargeon dit
Contente de te lire et un peu triste en même temps. Ça ne me surprend pas que le retour soit difficile. Je ne te connais pas personnellement, mais après un an à te lire je peux dire que tu as une très grande sensibilité, tu es facile à émouvoir et très emphatique envers les autres. Te sentir utile fait partie de toi ainsi que le goût de l’aventure. Alors pourquoi ne pas joindre les deux et partir en aide humanitaire ? Serait-il possible de partir avec toute la famille ? Je dis ça comme ça. Je te verrais bien dans un tel défi. Bonne soirée Josée. Merci encore de partager tes réflexions qui me font réfléchir.
Josee St-Pierre dit
Ce voyage m’a fait découvrir qui j’étais vraiment…Même si le retour est difficile, je sais
que j’en sortirai grandi. L’aide humanitaire est un défi qui me tente beaucoup…peut-être dans quelques années quand les enfants feront leur propres choix.
Merci d’être là xx
Renaud Heon dit
Bonjour Josée,
Wow, je reste émue, touchée par ce que je viens de lire. Tout ton questionnement sur la vie,sur la « vraie vie » me touche. Ta réalité et ta vision n’est surement pas celle de beaucoup de personnes et je peux m’imaginer les difficultés de revenir d’une année comme vous avez vécue. Tu mentionne vouloir écrire sur ce vécu, je trouve ton idée excellente, Ca pourrait en effet amener d’autres gens a vivre leurs rêves mais je pense que ca pourrait t’amener toi a voir ton chemin et ta route. La vie, elle se passe la, ici et maintenant. Bonne découverte dans l’écriture de ce livre…..nous avons hâte de te lire Renaud et moi.
Toutes nos salutations a Mikael de notre part et au plaisir de te lire bientôt
Anne.
Josee St-Pierre dit
Merci!!! Pas toujours facile de choisir sa vie, d’emprunter ses propres chemins, mais en
même temps ça nous fait grandir et nous rend encore plus proche de ce que l’on est vraiment
pour vivre sa vie maintenant. Pour l’écriture, vos propos me font réfléchir, ça ne peut que faire du
bien au fond…
Merci de prendre le temps de me lire xx
Un gros bonjour de la part de Mikael 🙂
Josée
V dit
Je suis certaine que tu trouveras ta façon de briller ici, ailleurs et entre les deux. Mais dis-toi bien que plusieurs personnes n’y arrivent même pas à un seul endroit! Ça te fait au moins ça de gagné! 😉 Peut-être as-tu seulement besoin de d’autres aventures pour trouver comment être si confiante peu importe où tu seras?
Ici, il y a déjà des « rôles » établis qui freinent ta créativité. Pas facile de détruire la maison qu’on a mis des années à construire avec une fourchette! 😉 Mais j’ai confiance en toi, tu y arriveras à ta façon.
En attendant, concentre-toi sur ce qui t’allume: l’écriture, le sport, l’alimentation et bien sûr, ta famille.
Je t’aime xxx
Josee St-Pierre dit
Merci ma soeur pour ce si beau message qui me touche xx
Je pense que tu as raison, j’ai encore des choses à vivre avec moi-même et le monde
est un bien beau terrain de jeu. Je profite de ma vie maintenant, un cadeau si précieux.
Ginette Trépanier dit
Bonjour à vous,
Quel plaisir d’avoir de vos nouvelles.
Bien sûr le retour est difficile ,Les paysages extraordinaires, les rencontres imprévues ,la découverte d’autres mondes tous plus colorés les uns des autres .
Bravo pour ton projet de livre .Nous l’attendrons avec un grand intérèt et impatience .
Vous les enfants comment trouvez-vous le retour au quotidien ?
Bonne chance pour vos futurs projets.
Au plaisir de vous lire à nouveau.
Ginette & Lucien
Josee St-Pierre dit
Merci ma belle Ginette,
toujours un plaisir de te lire.
Le retour est ardu et je tente de retrouver les étoiles dans mes yeux que j’avais à chaque matin
en voyage parce que la vie se vit maintenant.
Les deux grands s’adaptent facilement, Caleb il y a eu une petite adaptation parce que pour lui
sa vie c’était le voyage, mais là il va bien 🙂
Gros câlins xx
Francois dit
Bonne chance; tu parles de toi, mais tes enfants et ton mari; qu’en pensent-ils….sont ils prêts eux aussi….
Josee St-Pierre dit
Merci François!
Mon mari partirait demain matin, nous sommes sur la même planète 😉
Et nous étions agréablement surpris de la réponse positive des enfants à vouloir repartir
un an en voyage à l’étranger 🙂
Catherine Forest dit
J’ai des frissons qui me parcourent le corps à te lire. Je me reconnais tellement dans ce que tu vis, dans tes mots. La boussole déboussolé, la résistance de ce quotidien désormais morose, l’envie de plus, de moins en fait… Pour moi, la seule solution possible était de repartir et de créer une vie connectée à mon essence. Pour certains, c’est réellement souffrant d’essayer de faire entrer la petite étoile dans le moule carré, ça éteint cette lumière, ça tue une partie de cette immensité qu’on ne peut plus ignorer.
Josee St-Pierre dit
Ma belle amie virtuelle,
toi aussi tu me touches tant…à chaque fois tu comprends et tu mets d’autres mots
qui expriment tellement ce que je vis, ce que je ressens. Tu l’as vécu, tu le vis.
Beaucoup de questionnements…Vendre tout et vivre autrement? Je ne sais pas, mais assurément
le monde m’appelle ardemment.
Merci!
Josée
xx
Cynthia Brunet dit
Chère Josee, c’est étrange de te lire et de penser m’entendre. Nous revenons d’un voyage d’un an sur l’eau avec nos 4 filles. 4 mois également que nous sommes de retour dans cette société qui nous fait courir pour arriver nul part… Alors que pendant un an, nous avancions lentement, mais de découverte en découverte. Pourtant, il y a tout autant de merveilles ici-même, suffit de pouvoir prendre le temps de vivre… mais comme il est difficile de ralentir. Merci pour tes écrits, il est rassurant de voir que petit à petit, plusieurs prennent une autre direction, à contre courant. Au plaisir de vous croiser un de ces jours.
Cynthia
Josee St-Pierre dit
Merci à toi Cynthia 🙂
Prendre le temps pour y trouver du sens à cette vie…profiter de cet extraordinaire terrain de jeu pendant
que la vie nous offre la vie. Malgré ma tempête intérieure, je tente de choisir ma vie même si elle est
autrement. Il faut livrer bataille pour conserver ce merveilleux cadeau que nous avons senti en voyage.
Ce serait un plaisir de croiser notre chemin sur les routes du monde ou ici, au Québec.
Josée