Éloge de la lenteur
Tranquillement nous avançons sur la côte Pacifique vers le Costa Rica. Nous sommes fébriles et impatients comme un terrible two d’arriver à la maison comme si le temps n’avançait plus soudainement. Les routes du Nica sont douces pour l’Amérique Centrale, mais les policiers s’amusent à nous faire faire des contrôles routiers à chaque pas d’éléphant. Il faut savoir jouer la game : avoir un comportement routier irréprochable et ne jamais leur donner nos papiers à la main. On est rendu des pros dans l’art des latinos !
La route de terre pour se rendre à Mind the Gap Nica est rudimentaire, mais facile pour des experts de trous de bouette et de routes de sables pas de niveau ;)…L’expérience derrière, on avance comme des petits fous. Une gentille dame nous montre l’endroit où l’on doit nous stationner. Évidemment, Freefall reste pris dans le sable ! Une famille de nicaraguayens vient nous offrir leur aide avec leurs pelles et on pousse ! Une autre expérience à notre curriculum 😉 Nous sentons la gentillesse si grande ici de la part des locaux, rien à voir avec ce que nous avons vécu à Poneloya ! Nous les remercions avec des cervezas et marchons jusqu’à Mind the Gap Nica.
On entre dans une genre de cabane de bois, le petit resto. La grosse musique forte de Tool et les jeunes backpackers nous accueillent chaleureusement. Je sens l’esprit de communauté ici et l’entraide. Tout le monde se parle et c’est plutôt relaxe…mais je ne me sens pas du tout à ma place avec ma famille. Ils sont avenants avec nous et avec les enfants, mais j’ai peur de déranger avec ma marmaille. Et bien franchement, je sors drastiquement de ma zone de confiance. Pour une solitaire comme moi, c’est un peu imposant tout ce beau monde ! Je sors quand même de ma bulle de confort et je me lance. Nous parlons aux jeunes qui font parti de l’organisme mondial Workaway (Ils aident leurs hôtes et en échange ils couchent dans une tente et reçoivent le petit déjeuner gratuit) pour nous rendre compte que trois d’entre eux viennent du Québec. Trop drôle la vie !
Les proprios nous montrent la place. On peut cuisiner avec le four du restaurant (bonne idée, c’est chaud dans le VR !), une douche extérieure et des toilettes sont à notre disposition. On peut aussi profiter du rancho pour relaxer. On traverse la cour pour stationner Freefall dans un autre parking moins sablonneux l’autre côté de la rue. Je suis ma troupe quand soudain…un chien tente de me mordre. Heureusement, un petit pincement et des marques rougeâtres, mais pas de sang. Jusque là, je me sens insécure et je ne suis pas certaine pentoute que je vais rester ici avec ma tribu plus d’une journée ! Pour le moment, j’essaie de ne pas trop y penser, aucune décision sera prise avant demain…
Les premiers jours, nous sommes un peu moroses. On regarde quasiment les mouches volées et on attend que les jours passent. On compte les dodos comme si on avait hâte de voir le Père-Noël. Une lampe magique et nous serions déjà au Costa Rica…Visa de trois mois, nous devons attendre. Nous savons que nous devons profiter de ces instants présents si précieux…les plages du Nicaragua ce n’est pas une punition si grave que ça 😉 et tsé il faut bien choisir de nourrir son blanc !
J’apprivoise les lieux et lentement mes petits verrous intérieurs s’ouvrent sans avoir à porter un masque. L’esprit d’entraide, la communauté et le hors norme m’attirent. Et boyboy ! Je suis en train de me métamorphoser complètement…être en groupe ça peut être chouette finalement ! Le matin, nous passons du temps à la plage et l’après-midi nous travaillons avec les enfants au rancho. Parfois on cuisine en collectivité et on soupe ensemble. Les enfants s’attachent rapidement aux gens de la place. On échange avec les jeunes québécois, on relaxe tout simplement et on admire les couchers de soleil extraordinaires ! Nous passerons beaucoup de moments dans le Rancho. Nous sentons que nous devons y rester…nous sommes venus y chercher quelque chose…mais quoi ? Une énergie revitalisante et rassurante, un peu comme l’effet d’un bon bain chaud après une journée froide d’hiver…
Un matin, Diego nous avise qu’un ouragan devrait passer les prochains jours. Calmement, on prend les choses en main en étudiant la trajectoire. On hésite à rester ou à se déplacer, mais finalement on juge que nous sommes plus en sécurité ici. L’ouragan provenant de l’Atlantique, nous ne serions pas plus en sécurité dans les terres. On tente de prendre ça cool et de ne pas capoter. Des vents, de la pluie, des inondations et des routes détruites…bah de toute façon on ne peut rien y faire ! Le lâcher prise, vous connaissez ?
L’après-midi de la Thanksgiving, Diego arrive en furie pour nous avertir d’une alerte de tsunami. On doit bouger et fuir vers le point le plus haut de la mer. On pack Freefall à toute vitesse, l’alarme d’urgence sonne dans le village. Tout le monde dans les boites de pick up ! Mikael roule en regardant son miroir avec angoisse, il imagine le tsunami survenu en Thaïlande et est prêt à mettre la pédale dans le fond pour fuir la vague. Heureusement, on arrive à l’endroit d’urgence…on attend avec les locaux. Nous nous sentons solidaires les uns envers les autres comme si le fait de partager cette expérience nous unissait à jamais. On observe la mer avec nos jumelles du haut de notre camper le stress prêt à exploser comme une pomme grenade…rien ! Ouff ! Nous revenons à la playa San Diego avec le coeur rempli de gratitude. La Thanksgiving a tout son sens cette année. Merci la vie ! Quelques kilomètres plus loin…le tsunami a frappé. Sans le savoir, nous avons pris la bonne décision…
Ce soir, on prépare Freefall pour l’ouragan qui devrait nous rejoindre au courant de la nuit. On l’enveloppe d’une grosse toile de plastique pour le protéger de l’eau. C’est calme ! On peut même admirer le coucher de soleil hallucinant. Un ouragan et une alerte de tsunami dans la même journée. Que d’émotions ! Nous espérons que la nuit sera douce.
Tout va bien ce matin ! Nous avons été épargné par la tempête, de la pluie et c’est tout ! Quel beau cadeau ! Il faut profiter de la vie pendant que la vie nous offre la vie…
Les derniers jours, nous oublions le calendrier et nous apprécions le présent. On prend soin de prendre notre temps. Juste de ne rien faire pour penser à devenir une meilleure personne et de choisir la vie que l’on veut avoir. Nous prenons le temps de lire sur la plage, de méditer sur notre avenir. Ça nous inspire des projets…Un rythme lent pour mieux avancer. L’éloge de la lenteur pour une rétrospective intérieure. Nous avons l’impression que cette lenteur nous fait évoluer à une vitesse folle.
Je ne me souviens pas d’avoir déjà pris ce temps dans ma vie d’avant…un concept spatial pour l’angoissée que j’étais. Jamais je n’aurais pensé être capable de paix intérieure, de méditation et de cohérence cardiaque. Ok, je ne deviendrai jamais maître taoïste, mais j’apprend à vivre comme un paresseux pour le bien-être de mes terminaisons nerveuses. Un voyage ça change une vie ! Ou j’aime bien croire que c’est plus qu’une parenthèse ou qu’une pause de ponctuation. En fait, je veux que ce périple soit une bouffée d’air frais pour une vie saine et palpitante ! Je ne veux plus qu’elle soit réglée comme les horloges de nos grands-pères.
La plage devient notre terrain de jeux. Les enfants cherchent des coquillages pour : faire des colliers pour Amy et William, inspiré par l’art de Miguel, veut faire une sculpture en coquillages. Ils s’amusent aussi dans les vagues (à jouer au lâcher prise…ça ne vient pas de nous, juré !), sur les roches, le bois de mer et avec les bernards l’ermite.William a le bonheur de s’initier au surf avec Miguel. Les vagues sont nombreuses et puissantes pour un apprenti, mais il arrive tout de même à faire quatre vagues. Assurément, il voudra recommencer ! Merci Miguel du temps passé avec notre mini ado !
Ce matin, nous sommes émus de quitter Mind the Gap Nica. Une place apaisante et inspirante, un endroit humain, des rencontres porteuses de sens, l’impression de devenir meilleur en tant que personne et des émotions encrées dans la peau. Ironiquement, nous ne sommes plus si pressés que cela que de partir pour le Costa Rica 😉
Nous sommes tristes de dire aurevoir à nos amis. Anick, je me souviendrai de ta sensibilité et j’ai adoré parler avec toi. Beaucoup de bonheur dans ta formation de yoga ! Miguel, je me souviendrai de ta générosité et de ton écoute avec nos enfants, merci ! Olivier, pompier, enseignant ou musicien, tu accompliras quelque chose de grand dans ta vie. Merci pour ton sourire et pour les conversations enrichissantes. Bonne route vers l’Ouest ! Diego et Sam, merci pour votre accueil et pour nous avoir démontré qu’il est possible de réaliser nos rêves ! Vous avez créé un endroit magique ! Le lac Atitlan fut un coup de coeur paradisiaque, mais Mind the Gap Nica sera un feu d’artifices pour le corps, l’esprit et le coeur…Carpe Diem !
Bibiane Baillargeon dit
Encore Wow! Je ne sais pas pourquoi mais j’ai les yeux plein d’eau. Quel voyage que vous faites ! Vous êtes vraiment inspirants. Vous donnez le goût de partir. Merci pour votre fidèlité à nous partager votre vie et vos états d’âme. Après 6 mois, vous nous communiquez encore vos aventures. On l’apprécie beaucoup. Merci, merci, merci de nous permettre de vous suivre. Bonne fin de semaine.
Josee St-Pierre dit
Je suis une fois de plus émue par tes mots ma chère Bibiane…
Merci d’être là tout simplement !
Chaque personne inspire l’autre sur son chemin de la vie.
Diane Voyer dit
J,avais vraiment hate d,avoir de vos nouvelles et l,attente valais la peine..J,ai adoré lire votre séjour a Mind the Gap Nica maintenant votre objectif est atteint BRAVO ! et encore BRAVO !Profitez-en bien .A la prochaine .Bisou a vous 5 .xxxxx Donnez nous de vos nouvelles bye !
Josee St-Pierre dit
Merci Diane !
Mind the Gap Nica fut un endroit inspirant pour nous tous…
Hé oui !! 6 mois aujourd’hui que nous sommes partis de chez nous 🙂
Quelle belle journée !
Un câlin de famille du Costa Rica !
real martel dit
Bravo c est fantastique on dit que les voyages forme la jeunesse ….c est sure que toute votre famille va en sortir grandi de cette aventure un alerte au tunami et ouragan dans la même journée sa fait beaucoup d émotion
Julie dit
Bonjour à vous 5
Félicitation vous avez réussis
Oui le chemin de la vie
c’est aussi un diplôme qui ne s’accroche
Pas sur un mur
Toute une expérience pour chacun de vous 5
Qui restera graver dans vos mémoires pour toujours
Merci
De partager avec moi
Julie Québec
Qui vie présentement au Panama
Grâce à un parcours semblable aux votres