Jasper-Banff

Regarder avec ses yeux turquoises

Il est difficile de transmettre toute la beauté qu’on dévore de nos yeux. Les montagnes gigantesques, les lacs turquoises qui nous émerveillent, l’énergie palpable de la nature. Une richesse pure que l’on peut ressentir seulement lorsqu’on le vit. L’essence même de Jasper et de l’Alberta se trouve dans les liens qu’on prend le temps de tisser avec la nature. Pour cela, il faut l’apprivoiser, aller plus loin, se mouiller, se salir, s’en approcher de plus près : pour comprendre, pour la respecter, pour la ressentir. Un sentiment de petitesse et d’immensité à la fois !

J’avais si hâte de découvrir ces beautés de l’Alberta. J’avais entendu des éloges à propos de ces deux villages. Je rêvais de turquoise (pour ceux qui ne le savent pas, je capote sur cette couleur ! !) et de montagnes. J’ai eu le bonheur d’apprécier les Caraïbes dans les lacs de mon pays natal et d’arpenter quelques montagnes impressionnantes.

Nous avons débuté notre périple par Jasper. Une vue du village nous semblait être une bonne idée pour avoir une vue d’ensemble. Le sky tram fut une déception ! Une arnaque de touristes hors de prix ! Pognés en sardines dans une boite de métal, nous avons rien vu ! Rien à gagner à part des nausées et un sentiment de se faire avoir. Néanmoins, la vue des montagnes et de Jasper au sommet en valait la peine ! C’était tellement beau ! La prochaine fois, nous monterons à pied, faut dire que l’ascension aurait peut-être été ardue avec des enfants. Par la suite, nous allons visiter Jasper et nous en profitons pour communiquer avec les proches. La journée se termine avec un souper sur le bord du Lac Beauvert. Un lac magnifique d’une couleur verdoyante translucide. Les enfants se sont bien amusés ! Je comprends pourquoi ce lac fut côtoyé par plusieurs célébrités dans le temps. Que du wow !

Ce matin, randonnée de huit kilomètres en famille, le sentier et en montée continuelle, mais les enfants sont en feu ! Ils grimpent facilement et rapidement. Les gens sont impressionnés de les voir aller. Nous sommes vraiment fiers de nos petits sportifs ! La vue est une fois de plus incroyable, mais cette fois-ci nous l’avons mérité. Nous prenons le temps d’admirer et on s’amuse à faire des inukshuks Cerise sur le sundae, nous profitons des sources chaudes au pieds des montagnes pour relaxer nos petits pieds endoloris. Surprise sur la route ! Nous arrêtons sur la rivière Arthabaska et nous avons littéralement l’impression de  marcher sur l’eau. Les gars se rendent jusqu’à la moitié de la largeur, trop cool ! Un moment inattendu si chouette ! Retour au camping, nous réalisons que nous aurions dû bivouaquer dans les environs, le camping nous donne peu et nous apercevons des gens en bivouac aux abords des sentiers. Ce n’est pas légal, mais plutôt bien accepté,on apprend ! Nous soupons tranquillement près de la rivière, c’est magique !

Troisième journée à Jasper, nous allons marcher autour du Lac Maligne. Bien franchement, c’est un lac ordinaire qu’on aurait pu se retrouver au Québec, bien loin du turquoise promis sur la photo de la brochure. Faut dire que c’était plutôt nuageux et c’est la lumière qui donne cet éclat tant espéré. Nous dînons simplement près d’une rivière avec des oeufs, du pain et du bacon grillé sur le feu. Du bonheur ! Le bruit de l’eau qui coule, le goût de fumé et l’odeur des roses sauvages. C’est pour cela qu’on voyage ! Pas pour les clic clic à la va vite des touristes, mais pour vivre vraiment dans la nature.En après-midi, petite randonnée de 4 km au canyon Maligne, c’est magnifique ! Sentiers plus fréquentés, mais si vivifiant. Les chutes nous apaisent, on relaxe !

Aujourd’hui, il pleut des cordes ! Depuis, une semaine, nous trouvons qu’il fait froid en Alberta. Nous avons troqués nos shorts pour des pantalons et nous avons sortis nos manteaux. Nous avions prévu une balade en vélo, mais nous profitons du temps pluvieux pour reprendre les notions scolaires moins comprises et petite épicerie. Demain, nous allons à Banff, j’ai hâte !

Nous sommes sur la route des Glaciers et encore une fois nous avons le bonheur de voir des paysages à couper le souffle ! C’est bondé de monde ici, un peu trop je trouve ! C’est troublant de les voir s’arrêter sur le bord des routes pour des milliers de photos qui n’ont pas de sens pour nous. Des clics à la sauvette sans aller plus loin. Courir pour tenter de tout voir, mais sans prendre le pouls de toute cette richesse naturelle. Toucher l’eau, sentir la terre, recevoir l’énergie de calme. Sortir des sentiers, se salir, oser un peu ! Nous arrêtons près d’une rivière moins achalandée pour prendre le temps. Les enfants se mouillent, se salissent en jouant avec les roches. Ils se transforment en chercheur d’or ou en marchant de roches. J’achète deux de leurs trouvailles et en échange je leur troc un popsicle. C’est beau de les voir être des enfants. Il réapprenne à jouer, à développer leur créativité, ce qu’ils avaient un peu perdu dans leur vie d’avant. Juste d’aller au parc les rempli de joie, Pourtant, à la maison, on entend peu de rires d’enfants au parc du quartier. Chacun reste dans SA petite cour, avec SA trampoline, SON module de jeux.

Nous allons ensuite à la découverte du lac Peyto, une merveille de Banff ! Ce sera notre lac coup de coeur de notre voyage à Banff ! Un coin de paradis unique, un bleu incroyable ! Nous rencontrons une famille québécoise de Rimouski partie pour un road trip de deux mois au Canada et aux États-Unis. Nous échangeons un peu, mais malheureusement on ne sent pas d’ouverture pour une jase plus longue. Nous sentons que nous sommes rendus ailleurs dans notre voyage. Nous avons envie de rencontres et d’échanges avec d’autres voyageurs. En ce moment, c’est plus difficile, puisque nous sommes en période estivale et les voyageurs sont plus ardus à trouver. Encore une fois, il pleut des touristes, mais nous sortons des sentiers et nous allons voir la vue plus loin. Ça vaut la peine ! On est tranquille ici et on sent encore plus la magie du Lac Peyto. Celui-ci marquera notre voyage. Des textes et une photo accrochés à un pin captent notre attention. Une famille québécoise est venue marquer leur passage ici en l’honneur de leur fils mort d’un cancer. Nos larmes coulent de tristesse pour cette famille et leur petit Ludovick, 4 ans. Nous réalisons notre chance d’être en santé, en vie et de faire cet extraordinaire voyage ensemble. Notre aventure prend alors tout son sens, profiter de la vie ensemble pendant que la vie nous offre la vie. Nous quittons marqués d’émotions, mais rempli de gratitude envers la vie et…on se fait un gros câlin de famille.

Le soir, nous campons dans un camping officiellement fermé. Aucun service et nous sommes que quelques campeurs courageux. Nous, ça fait notre affaire ! Nous sommes en plein coeur de la nature en paix et nous portons notre maison avec nous. Amy propose d’aller jouer dans la rivière, quelle bonne idée ! Ils s’amusent à créer des ponts, des barrages. La rivière devient leur terrain de jeux. Ils sont sales, mouillés, mais ils ont du fun ! Cette journée fut l’une de nos plus belles journées depuis le début ! C’est pour des moments comme cela que nous voulions faire ce voyage et là nous avons l’impression de vraiment atteindre notre visée. On ne visite pas chaque attraction, mais on vit une vie de voyageurs. Moi et Mikael, on se regardent ravis. Nous dégustons des pizzas sur le feu et des smores miam ! Nous retournons à la rivière à la demande des enfants. Bataille à la Jedies avec des branches. Caleb est heureux comme Yoda 😉

Ce matin, nous allons voir le Lac Morraine, c’est encore nuageux et pluvieux, mais nous passons du bon temps à marcher près du bleu turquoise. Je ne me tanne pas de voir cette si belle couleur ! Le point de vue est encore une fois enseveli, mais le sentier est plus calme. Nous profitons de l’eau en lançant des pierres et admirons les montagnes. C’est beau ! Nous sommes témoins d’une mini avalanche, quel bruit ! Nous imaginons ce que cela serait si c’était une plus grosse. Ensuite, direction Lac Louise, mais il pleut et le lac devient un peu monotone. C’est gris et ordinaire sans la présence du soleil. Nous allons prendre une pause dans un café un peu découragés de toute cette pluie depuis plusieurs jours. Le latte est délicieux et la musique est bonne ! Le soir, nous allons bivouaquer en face de la gare. Disons qu’à travers les sifflements de train, les averses de pluie et les voitures qui passent, j’ai à peu près pas dormi.

L’alarme sonne à 6h00 du matin, nous devons un peu partir comme des voleurs si on ne veut pas se faire avertir. Le stationnement est permis, mais le coucher est plus ou moins autorisé. Disons qu’on s’arrange pour partir tôt. La pluie est omniprésente encore une fois…nous sommes sensés aller marcher un 12km en matinée. Nous sommes épuisés et la température déteint sur nous. William n’a vraiment pas le goût de paysages et de montagnes. On décide quand même de se secouer un peu pour aller faire notre randonnée. Finalement, la pluie cesse et aussitôt le premier pas entamé, je me sens sereine à l’idée de grimper la montagne. Je me sens bien si près de cette nature qui s’éveille, une certaine sérénité s’empare de moi, Les pas sont plus difficiles, car le corps à peine à suivre, mais une envie soudaine de m’aventurer dans cette nature. Le ciel est couvert, nous avons l’impression de marcher dans les nuages, c’est comme si on marchait sur le ciel comme dirait William. Encore une fois, nous sommes épatés de nos petits marcheurs, 12 km de côtes ! En haut, il y a tellement de monde ! Peu emprunte les sentiers, ils préfèrent le téléphérique. De notre côté, nous avons le sentiment d’avoir accompli, d’avoir mérité notre cadeau. Banff est un milieu hyper touristique, mais où il est facile de se retrouver tranquille. Il suffit d’aller au coeur de la nature, de l’accompagner et on y découvre tant de merveilles ! Nous préférons le calme de la forêt que l’effervescence du top. Nous sommes choqués par le comportement humain : un irrespect marqué de la nature (déchets en montagnes quand il a y des poubelles à proximité) , bruit et surconsommation. On se sent plus en accord avec nos valeurs en sentiers. En même temps, on apprend à se calmer intérieurement pour maîtriser notre colère et la transformer en moteur de changement. Ce voyage nous fait grandir et évoluer…Plus on s’approche de la nature, plus on y fait attention et qu’elle devient précieuse.

Enfin, nous allons faire un petit tour de la ville de Banff. Une ville tout à fait charmante ! Ça me fait penser à Québec avec ses rues piétonnières et son architecture. On se balade tranquillement en zieutant les boutiques. Je m’imagine y vivre candidement. Il n’est pas rare d’entendre parler québécois à Banff, c’est presque familier ! Nous dégustons des queues de castor, une bonne dose de sucre après notre hike ! Il y a quelques percées de soleil, nous faisons un petit détour pour revoir le lac Louise à son meilleur. Je suis satisfaite ! Turquoise avec son glacier en évidence. Le lac Peyto restera tout de même mon préféré.

Le soir nous couchons dans un overflow, nous avons convenu de quitter le lendemain pour la vallée de l’Okanagan. Je suis un peu déçue de ne pas y avoir été plus longtemps. J’ai adoré Banff, mais dame nature en a décidé autrement, mieux vaut suivre le courant ! Il paraît qu’il fait toujours beau d’habitude en juillet, nous avons bien hâte de retrouver le soleil et un peu de chaleur ! Nous demeurons très dépendant de la nature en voyage, avec l’espace restreint, nous vivons le plus souvent possible dehors ! Freefall est plutôt réservé pour le transport et le sommeil. Nous avons tout de même passé des moments extraordinaires près de la nature de Jasper et de Banff. Des trésors naturels qui seront à tout jamais enveloppés dans ma mémoire. Nous quittons pour la belle Colombie Britannique, province la plus à l’Ouest du Canada. Nous allons visiter de la famille à Kelowna dans la vallée de l’Okanagan ! Un autre petit coin de paradis !